15 Février - PAU VILLE ET VIE SAINES

Visite conduite par Caroline Barrow

 

La visite a débuté par l’évocation du docteur Pierre-Henri Duboué né à Saint Castin en 1834, diplômé par la faculté de médecine de Paris et ayant exercé à Pau. Chercheur, il mena plusieurs travaux sur le paludisme, la rage, le choléra et la fièvre typhoïde. Il s'intéressa à la thérapeutique grâce aux progrès de la physiologie.

 

Puis, notre attention s’est très vite portée sur le docteur Alexandre Taylor tant ce médecin a eu un rôle déterminant sur le développement de la ville de Pau. Né en 1802 en Écosse, docteur en médecine par l’Université d’Édimbourg. À 31 ans, médecin du corps expéditionnaire britannique en Espagne lors de la guerre carliste, contaminé par la dysenterie et le typhus il est évacué à Bayonne. Convalescent, il vient se soigner en 1837 à Pau où il rejoint un certain nombre de ses concitoyens, pour qui la ville jouissait déjà d’une réputation flatteuse. En quelques semaines, il recouvre totalement la santé, et en ressort convaincu que le climat de la ville de Pau a eu un effet déterminant dans sa guérison rapide.

Le docteur décide alors de s’installer en Béarn et ouvre en 1838 un cabinet médical pour soigner une clientèle britannique qui s’est accrue au cours des années 1820-1830. En parallèle avec ses consultations, il entreprend la rédaction d’un ouvrage consacré aux vertus du climat palois, et le fait paraître en 1842 sous le titre : De l’influence curative du climat de Pau et des eaux minérales des Pyrénées sur les maladies. Il ressort de son traité que c’est dans la capitale béarnaise que la durée de vie est la plus longue. Il attribue ces vertus au calme de l’atmosphère, à l’absence de vent et à une configuration géographique particulière qui protège la région de phénomènes atmosphériques ou épidémiques. Un climat sain et apaisant, où le froid n’est jamais excessif, recommandé aux personnes à la santé délicate. De plus, il ne se limite pas aux aspects strictement médicaux : il propose des conseils pratiques aux résidents et aux touristes, et préconise entre autres pour Pau des travaux urbanistiques destinés à rendre la ville plus harmonieuse.

Dès la parution de ce traité en Angleterre, de larges extraits en sont diffusés dans des publications locales. En 1844, une réimpression en est faite au Royaume-Uni. L’ouvrage est également traduit dans la plupart des grandes langues européennes, puis maintes fois réimprimé ou réédité, ce qui lui confère une large audience au-delà d’un public exclusivement anglo-saxon.

 

Devant ce succès important, l’impact est immédiat en Grande-Bretagne : de nombreux sujets britanniques viennent profiter des bienfaits de cette station méconnue du piémont pyrénéen. La réputation de Pau est assurée. La tranquille cité béarnaise, bourgeoise et provinciale, se transforme en station de villégiature animée. La présence de cette société mondaine donne un coup de fouet à l’économie de la cité : le marché du travail se développe, les commerces se multiplient, le secteur du bâtiment déborde d’activité. La colonie d’outre-Manche, forte de 300 membres, va presque tripler en près de dix ans. Les nouveaux arrivants conservent leurs traditions. Fondé en 1824 par une poignée de gentlemen écossais, le Cercle anglais, qui servait à l’origine de lieu de lecture, concentre désormais les codes de l’aristocratie britannique. La palette des loisirs anglais trouve dans la région un terrain d’expression particulièrement propice à son développement : chasse à courre, courses de chevaux, golf avec la naissance du Pau Golf Club, premier golf sur le continent européen.

 

La notoriété de la station béarnaise est durablement assurée par une implantation britannique qui atteindra son apogée entre 1860 et 1880. Cette impulsion apportée grâce aux travaux du Dr Taylor est à l’origine d’un âge d’or que connaît la ville au cours de la deuxième partie du XIXe siècle. Pau subit alors un réaménagement urbain de grande envergure, avec la construction de luxueuses villas, la création du parc Beaumont, un vaste parc à l’anglaise d’allure romantique, l’inauguration du Palais d’Hiver — aujourd’hui palais Beaumont — aménagé pour accueillir la riche clientèle en villégiature, et, point d’orgue, la construction de 1893 à 1899 de l’emblématique boulevard des Pyrénées avec son panorama unique sur la chaîne pyrénéenne.

 

Anobli par la reine Victoria en 1865, le Dr Taylor finira sa vie à Pau, décédant à Londres lors d’un dernier voyage. Son souvenir est bien modestement marqué par une rue, où nous visiterons la boutique de l’opticien Daignas, et un hommage qui lui est rendu, ainsi qu’à son épouse, dans le Temple Protestant de Pau. Enfin, sa pierre tombale est au cimetière municipal de Pau.

 

Notre visite se poursuivra par le Hédas jusqu’au cours Bosquet où se trouvait l’ancien hôpital de Pau.