19 octobre 2023                                          BENOU et BIELLE

avec Jean TOUYAROU et Vincent GARNOIX

 

Les prévisions météo sont au plus bas, mais tant pis on se lance pour cette sortie découverte de deux lieux majeurs de la vallée d’Ossau ! Rendez-vous est fixé à 8h35 au parking du Néez pour l’organisation du covoiturage entre les 25 participants.

 

AU BENOU

A 9h30, nous sommes à la chapelle du Houndas où nous attend Jean Touyarou, le vice-président des « Amis du Musée d’Ossau » (AAMO), que nous connaissons bien à GMP, à travers les conférences et sorties qu’il a déjà organisées pour nous. Nous ne sommes pas les seuls à nous intéresser à ce lieu aujourd’hui, car un bus de militaires et deux bus de gamins …gantois nous rejoignent.

 

Cette chapelle a été construite en 1900, elle est dédiée à Marie, protectrice du sanctuaire, des montagnes, et des troupeaux. Ce choix n’est pas anodin puisque le Benou, depuis que le glacier d’Ossau l’a abandonné dans l’état auquel nous le connaissons aujourd’hui, est un lieu de pastoralisme important. En effet, l’histoire nous rappelle que, pas très loin au-dessus de la chapelle, se trouvent les 16 fameux cercles de pierres (cromlechs) de Lous Couraus d’ Accaus, et un affutoir préhistorique (4000 ans estimé) - voir chronique de Vincent Garnoix de février 2022 ICI. Jean nous fait monter un peu plus haut pour admirer le paysage en contre bas, vers la vallée (400m.d’ alt.), ses villages et les montagnes en arrière-plan culminant à presque 3000m. d’altitude pour certaines : le Gabizos, le pic de Ger, les Cinq Monts, le Lauriolle, le rocher d’ Aran… Quant à nous, nous sommes à 850m. d’altitude, avec au nord du plateau, les crêtes de Lazerque (env. 1440m.) couverts de pâturages, et au sud, une suite de sommets enforestés de même altitude.  Au fond du vallon, le fameux (pour les cyclistes) col de Marie Blanque (1035m.) donnant accès à la vallée d’Aspe. 

Nous revenons au ruisseau et, bien visible à nos pieds, un petit bloc de grès présentant une entaille en son milieu. C’est un précurseur de ce que nos grands-pères utilisaient pour affuter leurs faux, à savoir, un affutoir/polissoir certainement utilisé par nos ancêtres du mégalithique pour affuter leurs couteaux et haches, ceci en vue d’abattre les arbres et créer ainsi les pâturages d’aujourd’hui. Nous traversons la forêt de mélèzes au son des cloches des vaches y paissant paisiblement. Attention Daniel, il y a des bouses partout !! En passant, Jean nous montre les restes de deux cercles de pierres du mégalithique (4000 ans) et nous donne moultes explications sur les arbres peuplant le lieu. A retenir le fait que la zone a été plantée de 55 chênes par les 55 contribuants à la construction de la chapelle en 1685. En reste-t-il : that is the question ?

 Le vent fort et la pluie n’arrêtent pas les hardis Gantois férus de culture béarnaise, armés de leurs parapluies et anoraks. 

Nous montons de l’autre côté de la forêt de mélèzes. Là, dans les fougères, Jean nous montre une roche présentant de drôles de « sculptures » à sa surface. Ce sont des « volcans de sable » ou « fleurs de pierre » plus scientifiquement dénommés « arenaygues ».

 Que fait-t-elle ici, et que raconte l’histoire de ce caillou ? C’est une pierre erratique provenant du site de Er, à 20km.en haute vallée d’Ossau, et donc apportée et déposée ici par le glacier lors de sa fonte. On peut donc estimer que l’épaisseur du glacier était de 400m au Benou. Il n’existe que quatre sites au monde présentant ces arenaygues, lesquels ont été découvertes par Jean-Pierre Dugène en 1990 à Er, quartier Lous Mourous vers 2300m d’altitude.

 

Attention, maintenant ça monte dur sur un chemin pour observer le Turon de La Técouère, cette colline conique de 150m de haut, exempte de végétation, et si typique du Benou. Pour l’observer, nous sommes sur une colline qui n’est autre qu’une des moraines frontales déposées par le glacier lors de sa fonte il y a 20 000 ans. Le Turon lui est composé de lherzolite, un matériau volcanique rare, convoité car très dur, utilisé pour la réalisation des routes et voies de chemin de fer. Un autre matériau plus noble, celui-là, se trouve à proximité, le magnifique marbre polychrome dit du Benou. 

 

Le temps passe et nous redescendons vers les voitures avec un nouvel et dernier arrêt auprès d’une des granges du plateau, le lieu étant aussi dénommé le quartier des granges, typique de l’organisation pastorale dans les Pyrénées. A cette altitude, c’est en effet le lieu de transition des troupeaux entre le bas des vallées en hiver et la montagne en été. Ces granges servaient à stocker le foin de la parcelle contigüe, et protéger les animaux des prédateurs la nuit au printemps et en automne. Actuellement, le tourisme de masse, hiver comme été, est une plaie pour les éleveurs locaux et les granges inutilisées sont soit en ruines, soit deviennent des résidences secondaires. 

 

 

 

A midi, nous sommes aux voitures pour un casse-croute bien mérité à l’ombre des mélèzes car le soleil apparait enfin parfois, avec un splendide arc en ciel en prime. Merci Jean pour le café et les fiches randonnées explicatives que tu nous distribues, créées par l’ AAMO, et très bien faites

 

A BIELLE

A 13h, adieu le Benou, en route vers le village de Bielle où nous attend Vincent Garnoix au parking de la place du Poundet, lieu de fêtes bien connu pour certains d’entre nous dans leur jeunesse. Le décor change du tout au tout puisque nous allons découvrir dans ce village de 390 habitants, des œuvres humaines nettement plus modernes qu’au Bénou, mais néanmoins chargées d’histoire aussi. En préambule, disons que Bielle a longtemps été la capitale de la vallée. C’est notamment dans ce village que siégeait la Jurade. Elle était composée de 1, 2 ou 3 représentants de chaque vic, à savoir celui d’en haut (Laruns), celui du milieu (Bielle) et celui d’en bas (Ste Colome). Dès le 14ème siècle, Ils se réunissaient à la « Ségrary », une petite salle contigüe au clocher de l’église St. Vivien, église que nous allons visiter maintenant.

Nous nous y installons, assis, pour écouter les informations de Vincent. Elle a été construite en 70 ans, et présumée terminée en 1548. De style gothique tardif avec des éléments renaissances, on y admire la voute du chœur, le portail d’entrée, la face avant de l’autel et dans le chœur les quatre colonnes en marbre issues de la villa romaine, avec ses 127 graffitis (voir la chronique Vincent Garnoix de septembre 2020 ICI). A propos de cette villa romaine, découverte en 1842, nous n’en verrons rien, car il ne subsiste rien de visible. Dans le même ordre d’idée, il a aussi existé à Bielle une abbaye en 1520. Détruite à la Révolution, il n’en reste rien non plus, si ce n’est, le réemploi de ses pierres dans les 50 remarquables maisons (voir le site CC-Ossau ICI) que nous admirons maintenant en circulant dans les rues du village.

 

 

La plus ancienne est datée de 1538 sur son linteau de porte. L’aspect médiéval des 16ème et 17ème du village est bien mis en évidence lorsque l’on observe les nombreuses fenêtres à meneaux et les oculus ornés de sculptures dans le marbre blanc local, les belles portes en bois et leurs heurtoirs. Vincent attire notre attention sur une grande pierre isolée, incluse dans un mur. Elle représente quatre abeilles, un insecte chargé de symbolisme dans toutes les sociétés (labeur, persévérance, générosité…).

 

 

D’un style bien différent, nous admirons depuis la rue, le château du 18ème siècle construit par le marquis de Laborde (1724-1794), banquier de Louis XV, spéculateur, esclavagiste, il a été guillotiné à la Révolution.

 

Petit arrêt au Monument aux morts érigé en 1924. En bronze, il est classé monument historique car il représente un soldat équipé de sa canne si particulière et une ossaloise dans ses habits traditionnels. Il est dit que le modèle est Madame Pommé une Bielloise, (voir chronique de Vincent Garnoix de novembre 2021 ICI)

 

Nouvel et dernier arrêt à la salle du conseil municipal de la mairie pour admirer un tableau en bois sculpté. Daté de 1549 par Jean-Pierre Dugène, il donne le nombre de feux (foyers) dans chaque village de la vallée à l’époque (745 feux au total).

 

A 16h, nous sommes de retour aux voitures, où en conclusion de cette rude et riche journée, nous remercions Jean Touyarou et Vincent Garnoix de nous avoir fait découvrir les petits et grands secrets de ces deux importants lieux de vie de la vallée d’Ossau, à la fois si proches et si lointains de ceux de Gan.

 

Le texte est de Georges FAIVRE, les photos de Georges FAIVRE et Daniel TRALLERO, la mise en page sur site de Pierre CEREZAL

C'est ce qu'on appelle du travail en équipe !

 

Pour en savoir plus, voir :

 

Pour le  Benou :              

 

https://cap-terre.org/Geologie%20Paysages/Pyrenees%20Atlantiques/64-%20Ossau%202%20moraines%20210924.pdf

 

http://www.jpdugene.com/fiches_rando/turon_de_la_tecouere.htm

 

Pour Bielle :

 

https://cc-ossau.fr/wp-content/uploads/2021/02/Laissez-vous-conter-le-village-de-Bielle.pdf

 

http://www.lebrelblanco.com/anexos/atlasBE-Bielle-Ossau.htm

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bielle_(Pyr%C3%A9n%C3%A9es-Atlantiques)

 

Le livret « Ossau médiéval » édité par l’Office de Tourisme de Arudy en 2016

 

Le site internet de l’Association des Amis du Musée d’Ossau :  https://www.amis-musee-ossau.com/

 

 

Dans les galeries qui suivent :

 

Bénou : retrouvez le parcours de la visite.

 

Bielle : tandis que les plaquettes font revivre l’histoire des maisons du village, les photos témoignent de son caractère médiéval (meneaux, oculus, portes et heurtoirs...). Ici et là, des ornements de récupération ont été inclus dans les reconstructions.

 

BENOU

BIELLE